Niet schieten, l’incontournable
Dans le cadre scolaire, nous, les élèves de 5TT de l’Institut Notre-Dame à Namur, avons eu le privilège d’assister à l’avant-première du film Niet schieten de Stijn Coninx, le 4 octobre 2018, lors du FIFF à Namur. Ce long-métrage belge relate la vague d’attentats, appelée « tueries du Brabant », qui a eu lieu de 1982 à 1985, causant la mort de 28 victimes et en blessant 22 autres.
Ce film illustre l’histoire vraie d’un petit garçon de 9 ans, appelé David Van de Steen, ayant perdu ses parents ainsi que sa sœur, lors de l’attaque du Delhaize d’Alost, le 9 novembre 1985, le rendant ainsi orphelin. Blessé gravement au cours de l’attaque, le petit garçon devra surmonter plusieurs opérations de chirurgie, dont il ne sortira pas indemne. Dès lors, il devra faire face à son malheur aux côtés de ses grands-parents. Son grand-père va tout tenter pour trouver les tueurs du Brabant qui ont assassiné de sang-froid toute sa famille… Cependant, sa grand-mère ne veut plus entendre parler de ces crimes qui ont tué une partie des êtres qu’elle aimait tant.
Le film montre comment, pendant 25 ans, après ce terrible drame, David, son grand-père et sa grand-mère n’ont malheureusement pas eu la vie facile, surtout au point de vue psychologique. Dans le film, on voit les différents sentiments par lesquels sont passés ces 3 personnages qui doivent surmonter un triple deuil, soudain et précoce.
Le traumatisme vécu par David restera à tout jamais gravé dans son corps à travers la cicatrice de sa jambe. Mais il restera également gravé dans sa tête. En effet, David subit un stress post traumatique : les images de l’agression, précisément les yeux bleus de son agresseur qui le fixent dans les yeux, se font intrusivement dans son esprit et lui rappellent constamment cette journée d’horreur. Adolescent, sa souffrance psychique s’exprime par des difficultés d’endormissement, du décrochage scolaire et pire, il tente de suicider… Au fil du temps, de son travail de deuil, il s’adapte à la vie sans sa famille, s’autorise l’amour et fonde une famille. On le voit essayer d’apprécier à nouveau la vie, recommencer à vivre en paix, malgré le vide qu’il a au fond du cœur.
Le deuil du grand-père est lié aux circonstances du décès et se fait dans la volonté de trouver les assassins. On ressent une profonde peine en lui, on le sent rongé de tristesse, mais il garde ses émotions pour lui, les cache et ne les extériorise que par la force de son combat. A travers celui-ci, il s’acharne à rendre justice mais aussi, il préserve la mémoire des personnes disparues en créant un autre lien, d’intériorisation, avec elles.
Alors qu’Albert vit son deuil avec colère, Metje, la grand-mère, elle, plonge d’abord dans un déni total, suite à l’ébranlement émotionnel provoqué par le choc de la perte. Puis, la douleur psychique étant trop forte à accepter et à exprimer, sont état de dépressivité va se traduire psychosomatiquement à travers une très grande fatigue, des douleurs dans tout le corps. Elle va sombrer de plus en plus au fil du temps, ne retrouvant jamais le goût de la vie et demandant même à mourir…
Le travail du deuil de ces personnes est donc fait de tristesse, douleur, désarroi, colère mais aussi de résilience. Celle-ci est notamment représentée dans le film lorsqu’on les voit à la mer, endroit de détente où ils peuvent « oublier » et vivre tout de même des moments heureux…
Ce film a déclenché en nous une soif d’en apprendre plus sur ce sujet si poignant. Le réalisme et la sincérité des scènes sont exprimés à la perfection par le grand-père de David, incarné par l’acteur Jan Decleir, fort de son expérience de vie. On découvre alors tout le cœur avec lequel Stijn Coninx s’est impliqué, avec un souci du détail exceptionnel.
De plus, ce réalisateur a voulu partager un fait historique belge dont peu de personnes avaient connaissance. Pour cela, il s’est basé sur le livre autobiographique de David Van de Steen et d’autres témoignages. Le film a été tourné sur le lieu réel de l’attaque, ce qui nous permet de nous mettre dans le contexte de l’époque, grâce aux plans caméras, aux voitures, décorations, vêtements, coiffures…, allant de la place du Delhaize aux yeux bleus de l’agresseur qui a tiré une balle dans la jambe de David.
Par ailleurs, un message fort est lancé. On remarque en Belgique une justice bafouée et peu engagée, pour une affaire classée, bâclée et vite oubliée, comme dans l’affaire Dutroux, évoquée plus tard dans le film. Un sentiment de révolte se fait ressentir, nous voulons nous-même obtenir des réponses !
Et enfin, nous avons eu la chance de rencontrer l’acteur principal(Jan Decleir) et le réalisateur (Stijn Coninx), ce dernier nous a confié que pour David, les moments les plus difficiles du tournage n’ont pas été ceux de la fusillade mais ceux d’avant, lorsqu’il se remémore sa famille encore vivante…Il nous a aussi dit avoir vécu les tueries du Brabant et révélé qu’après la lecture du livre de David, il avait vu d’un autre œil celles-ci, qu’ils les a ressenties comme nous avons ressenti les attaques terroristes récentes, qu’en lisant ce livre, sa vision a changé et que tout le monde devrait connaître cette vision, davantage centrée sur les victimes…. Le fait que David soit constamment présent sur les lieux du tournage a pu apporter à celui-ci énormément d’émotion et un réalisme fort, grâce aux nombreux détails qu’il a communiqués.
En conclusion, ce film belge nous a particulièrement touchés et bouleversés, nous vous le conseillons vivement. Il prend même la place d’un Incontournable !
Sema Inès Alexandra Sarah Elyne Lilou Manon Baptiste Inès Lyne Loredana Sami Marie Antoine Charlotte Laurine Ambre Marjorie Maëliz Delphine Michelle Céline Coline Florine